La décroissance : une nouvelle forme de citoyenneté encore à inventer.
Contradiction dans la participation au jeu de la démocratie représentative capitaliste et les objectifs du mouvement décroissant
Il n’est pas suffisant de répéter comme un mantra « il faut décoloniser l’imaginaire » et d’un autre coté de participer et donc valider un système de contrôle vertical . Il ne suffit pas de croire en la démocratie, en l’auto gestion et en l’horizontalité , car il s’agit là d’une pratique et non d’une idée. Nous croyons en la force de la volonté d’auto-organisation. On ne peut pas construire de société égalitaire à partir de l’ambition de quelques petits chefs.
« Plus profondément, à la suite de L’EZLN (Armée zapatiste de libération nationale) , notre critique se porte sur la stratégie de la « prise du pouvoir » qui a inspiré depuis près d’un siècle la plupart des projets révolutionnaires. Au nom de cette finalité, il fallait faire silence sur les pratiques collectives présentes. Or ce point de vue a permis toutes les saloperies possibles, jusqu’à la création d’alliances avec les pires dictatures, au nom encore une fois d’un éventuel pouvoir futur. Comme le dit le dicton, « la fin justifie les moyens » i.
Mais cette contradiction apparente (le fait de présenter des candidats aux élections présidentielles ou législative) est-elle vraiment une contradiction ou une stratégie ?
On a pu observer , lors des dernières élections , le « putsch » mené par le Frère Ariès, qui en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, a réuni les deux mouvements, le MOC et le PPLD, avant de déclarer unilatéralement notre soutien à Mélenchon, lequel utilise la même stratégie de conquête du pouvoir (et des dissidences) au profit du parti capitaliste PS.
Nous n’omettrons pas, outre les égotismes, la question de l’argent qui se trouve (bien trop souvent) au centre des batailles politiques institutionnalisées. En effet, désormais, la loi de financement public des partis supplée aux dépenses des partis ayant obtenu au moins 1% des voix dans 50 circonscriptions ii. Voir également le fonctionnement des associations de financement ici
On voit bien que face à cela, l’argument officiel « rendre visible le mouvement » est bien court ( les AMAP par exemple, n’ont pas eu besoin de candidats aux élections pour avoir une audience) …
La décroissance, ce n’est pas uniquement consommer moins !
Il n’est pas dans notre propos de nous poser en spécialistes du comment vivre avec moins, ou comment négocier avec des maires PS de la gratuité de l’eau; la question est bien la relocalisation de la production, la prise en main des décisions politiques, économiques, écologiques, par les citoyens ; en un mot, la mise en place de décisions réellement démocratique. Or, l’horizontalité ne se décrète pas, elle se travaille chaque jour et le véritable combat de la décroissance est bien là. La participation au jeu politique capitaliste ne peut que dévoyer le mouvement et le transformer en succursale (au mieux en think tank) pour les partis dominants.
Nous ne voulons pas être un mouvement de gestion de leur crise, apprendre aux pauvres à se contenter de ce que le système moribond voudra bien leur laisser.
Face aux crises multidimensionnelles le changement doit être structurel.
« Comme l’ont souligné Starhawk et Isabelle Stengers, nous ne devons jamais oublier que les sociétés capitalistes se sont constituées sur la destruction des communautés villageoises et ont voué les sorcières au bûcher. Ce faisant, elles nous ont privées des savoirs et des manières de faire qui rendaient possible cette « vie commune ». Et ce geste de destruction, elles n’ont cessé de le répéter et le répètent encore et toujours, quand se tente ou s’expérimente un mode de vie basé sur d’autres histoires, d’autres fabulations, d’autres coordonnées, d’autres relations. »
Ce n’est pas cet avenir que nous voulons pour la décroissance .
Et nous lutterons pour que le mouvement ne se transforme pas en simples idées monnayables sur le grand marché des voix des électeurs. Nous ne voulons pas devenir un autre Parti des verts…
Bien entendu, le mouvement a besoin de liens, de se fédérer, de partager ses expériences et ses espoirs mais il nous appartient de trouver pour cela d’autres formes que celles que l’on nous proposent.