L’abstention , un acte courageux et citoyen
Il est clairement établi qu’aucun parlement ou gouvernement n’a jamais représenté jusqu’à présent la majorité réelle d’un peuple (voir article abstention2011).
Un des mots d’ordres que l’on a entendu dans les récentes manifestations populaires était « Ils ne nous représentent pas » et des pratiques de prises de décisions réellement démocratiques sont devenues la norme de ces nouvelles approche de la démocratie réelle.
La démocratie radicale: une utopie?
Encore un contre sens que l’on peut entendre alors que nous fonctionnons déjà dans des systèmes de prise de décision démocratiques comme peuvent l’être les associations, les coopératives de production ou d’achat, ou même la famille… Démocratie transversale, réelle, directe, au consensus sont maintenant des notions qui se répandent comme une trainé de poudre dans les populations.
Quel est le rôle des élections?
Les élections « représentatives » servent en premier lieu à donner une légitimité aux élus. Les « élu-es » peuvent d’autant plus prendre des mesures impopulaires, qu’il-elles ont un nombre important de voix. Les élections servent avant tout les élu-es et leurs intérêts.
Seul le peuple est démocrate.
L’abstention active c’est être présent et faire entendre sa voix à chaque instant de la vie sociale.
La loi de la majorité n’est pas forcement pertinente. En fait, les découvertes, les avancées sociales ou scientifiques sont toujours l’œuvre de « minorités actives »
L’abstention active est justement cette reprise du pouvoir par les groupes concernés par une décision politique, l’abstention active c’est être présent et faire entendre sa voix à chaque instant de la vie sociale.
Arracher des OGM, être objecteur de conscience et refuser d’être soldat dans des guerres qui ne nous concernent pas, créer des monnaies locales, des jardins partagés, des entreprises autogérées, s’exprimer sur les murs de sa ville, aider activement les plus démunis que soi, soutenir une production locale, faire sa propre presse, créer des écoles…..la liste est infinie de ses actions qui sont la réalisation d’un véritable « devoir » politique celui de vivre ensemble, de s’organiser nous-même pour notre bien être. Le temps des élites est révolu et ce ne sont pas elles qui vont le crier sur toutes les antennes.
L’abstention active.
On ne devient pas abstentionniste actif par hasard, ce choix est réfléchi, mûri, il est le fruit, à la fois des expériences personnelles en particulier et de l’Histoire en général.
Aristote disait déjà à son époque que le vote était d’essence aristocratique.
On entend que l’abstention est un acte irresponsable mais il s’agit là d’un retournement propre à la propagande. En effet, se rendre aux urnes une fois tous les 5 ans pour confier à un individus tout notre pouvoir et s’abstenir de toutes décisions nous concernant en donnant un chèque en blanc aux élus, voilà l’acte irresponsable et infantilisant par excellence.
Notre « responsabilité » de citoyen nous engage à
être présent à chaque instant de la vie politique , à décider ensemble de la « chose publique ».
L’abstention est un acte responsable et politique.
L’absence la plus regrettable est-ce celle des quelques minutes nécessaires pour voter, ou celle de tous les jours de l’année?
Car le fait de voter implique en somme le renoncement à s’occuper directement de la chose publique pour une période déterminée, au cours de laquelle l’élu-e reste chargée de s’en occuper au lieu et place des électeurs, ceux-ci devenant ainsi les absents toujours dans leur tort. Et les faits ne démontrent que trop qu’ils le sont réellement.
Un devoir?
Les « devoirs du citoyen » – si devoirs il y a – ne sauraient être ramenés à l’obligation de déposer un bulletin dans l’urne ; ils ne peuvent que trouver leur application à tout instant où le besoin s’en fait sentir, tandis que le vote ne signifie en somme que déléguer autrui pour faire son devoir propre, ce qui est évidemment un non-sens.
Que l’on envisage la participation à la chose publique comme un droit ou un devoir, elle ne saurait donner lieu à une délégation, à moins de nier pratiquement ce qui vient d’être affirmé théoriquement.
Un homme peut-il s’instruire, s’améliorer, se fortifier par délégation?
Non, et cela présuppose avant tout une activité personnelle de chacun.
Peut-on imaginer une plus mauvaise éducation que celle consistant à se décharger sur quelques rares individus du soin de traiter précisément les questions où l’intérêt de tous est en jeu, et dont la solution pourra avoir les conséquences les plus considérables pour l’humanité?
Notre « devoir » ne serait-il pas de refuser de s’absenter partout où notre sort se discute et se trouve en jeu, d’être présent pour peser de toutes nos forces sur la décision à intervenir plutôt que de cautionner un système politique élitiste et antidémocratique en se rendant aux urnes?