Après cinq saisons de jardinage et d’expérimentation, l’équipe du projet Des jardins sur les toits a le plaisir de partager
avec vous le fruit de son travail. Le Guide pour réaliser son jardin alimentaire sur le toit découle de notre volonté de
voir germer de nouveaux jardins et partenariats dans le terreau fertile montréalais mais aussi ailleurs dans le monde.
Ce que nous avons découvert en explorant de nouvelles façons d’interagir entre nous, avec le cadre bâti,
l’environnement urbain et le cycle alimentaire c’est que le changement peut se faire de façon plaisante, inclusive et par-
ticipative. Cette constatation est née des différents jardins sur les toits que nous avons conçus et que nous habitons avec la
communauté. Chacun d’eux constitue un espace unique qui est entretenu avec attention par des bénévoles d’une popote
roulante, cultivé avec minutie par des personnes âgées, expérimenté et animé par de jeunes citadins, ou encore approprié
par des familles. Ensemble nous aspirons à un monde meilleur, à des villes qui respirent, à un rythme plus lent, à une
gestion durable des ressources et à des comportements plus respectueux et écologiques.
L’émerveillement renouvelé et infini que procure le jardinage alimentaire est selon nous une excellente base pour
cheminer vers cet autre monde. Le plaisir de découvrir la fonction et l’interrelation des petites choses qui nous entourent,
comme la pluie, le vent, le soleil, les saisons, les insectes, les migrations et les nouvelles variétés de plantes, nous rap-
prochent davantage du plancher des vaches, même dans les hauteurs les plus insolites. Une plus grande sensibilité aux
écosystèmes urbains ne peut que nous inciter à cultiver la diversité et à apprécier la complexité.
Nous espérons que les humbles gestes de semer, d’entretenir, de récolter, de manger et de partager sauront vous
apporter autant de plaisir qu’ils ont pu en apporter à notre communauté de jardiniers.
Ismaël Hautecoeur
Chargé de projet
Pourquoi jardiner sur les toits en ville?
Des espaces oubliés rendus fertiles pour des communautés en santé
Jardiner sur les toits dans des villes toujours plus denses et plus étendues constitue une façon originale de récupérer
les espaces inutilisés et stériles que sont les toits, les terrasses et les balcons, et de les transformer en milieux de vie
luxuriants, productifs et purificateurs. En plus d’agrémenter le paysage urbain de jardins nourriciers aux sommets des im-
meubles et de produire des aliments frais, ces nouveaux espaces pour la communauté permettent de réduire l’empreinte
écologique de nos maisons et institutions, desquelles nous faisons partie intégrante. La récupération et l’assainissement de
l’eau, la culture locale d’aliments biologiques, le compostage de déchets organiques ainsi que la filtration et le rafraîchisse-
ment de l’air s’inscrivent dans cet esprit de rendre notre paysage bâti plus durable. Ainsi, dans le contexte de dégradation
environnementale, de surconsommation et de mal bouffe, prendre soin de nous-mêmes et de notre environnement nous
permet d’emboîter le pas vers des villes et des communautés en santé.
Jardiner sur les toits c’est adopter une activité inspirante, écologique et productive, c’est développer de nouveaux
liens avec le cycle alimentaire, les saisons, l’environnement et la communauté. L’utopie consiste à faire de la ville un
jardin et des citadins des jardiniers.
Pourquoi l’agriculture urbaine?
Une source de joie simple et un mode de vie engagé
Les petits plaisirs quotidiens du jardinier sont simples, peu coûteux et profondément satisfaisants : déguster une salade
soigneusement cultivée entre amis, respirer le parfum matinal d’une fleur agrippée à la balustrade du balcon, croquer
une fraise chauffée par le soleil. L’agriculture urbaine constitue en soi un véritable art de vivre et permet à la population,
individuellement ou collectivement, de jouir de nouveaux espaces verts pour répondre à ses besoins de détente et de
loisirs.
Loin d’être une expression marginale ou un anachronisme en voie de disparition, l’agriculture urbaine est appelée
à jouer un rôle de plus en plus important dans l’alimentation des citadins. Elle nourrit actuellement 700 millions de
personnes, soit le quart de la population urbaine mondiale (FAO, 2005). Elle offre une réponse à l’insécurité alimentaire,
à l’expression culturelle et à l’engagement citoyen, et permet de goûter au pur enchantement de cultiver pour soi et la
communauté. À l’heure des changements climatiques et des multiples conséquences néfastes du mode de vie urbain sur
la santé et l’environnement, il convient de repenser notre façon de vivre et la pratique du jardinage alimentaire urbain
s’avère en ce sens un puissant catalyseur.