Les schistes bitumineux, ou Shale oil en anglais (à ne pas confondre avec les Oil shale alias le kérogène contenu dans la roche même), sont contenus dans des couches épaisses d’argile dans lesquelles des intercalations fines contiennent du sable qui enferme du pétrole dans ses pores. Les conditions d’écoulement sont très difficiles car la perméabilité est très faible.
Aujourd’hui, c’est cette substance sur laquelle les énergéticiens parient : cette substance, il faut aller la chercher à 2500 m de profondeur en fissurant la roche dans laquelle elle est emprisonnée, ceci en injectant de l’eau à très haute pression et des produits chimiques.
L’extraction et la production d’un tel pétrole nécessite des quantités faramineuses d’énergie, d’immenses infrastructures et génère énormément d’émissions de gaz à effet de serre, le tout à l’image de la désastreuse exploitation des sables bitumineux par exemple au Canada. Sans parler des risques de pollutions des nappes phréatiques…
Aberration énergétique, climatique et environnementale, les schistes bitumineux, avec les sables bitumineux, sont les pétroles le plus chers, les plus sales, les plus polluants qui soient.
L’exploitation de ces schistes bitumineux est extrêmement coûteuse. Mais les pétroliers, opérateurs ou prospecteurs parient sur un prix du baril toujours plus élevé pour rentabiliser leurs investissements.
La France au cœur de cette course effrénée aux schistes
La France est fortement concernée par ces projets : des schistes bitumineux sont notamment présents en Ile de France, en Picardie et en Champagne-Ardenne. En décembre 2010, les réserves étaient évaluées, par le ministère de l’énergie (désormais de retour dans le giron de Bercy et donc des finances), à près de 65 milliards de barils.
Si le gouvernement français donne son feu vert à toutes les demandes de permis d’exploration en cours à ce jour, ce sont plus de 65 000 km² qui pourraient faire l’objet de prospections, de schistes bitumineux et de gaz de schistes.
Les schistes superstars : outre les schistes bitumineux, des projets d’exploitation de gaz de schistes sont en cours. Les gaz de schiste sont au gaz ce que les sables et schistes bitumineux sont au pétrole. Ainsi pour extraire le gaz de la roche, de grandes quantités d’eau, de composants chimiques et de sable, doivent être injectées pour disloquer la roche et libérer ainsi le gaz. C’est la « fracturation hydraulique ». En cas de fuite, ces produits chimiques peuvent s’infiltrer, notamment dans les nappes phréatiques souterraines.
En France, on trouve des gaz de schistes notamment dans le sud-est de la France, où ceux-ci forment un grand V de Mende à Valence en passant par Montpellier. En décembre 2010, les réserves étaient évaluées, par le ministère de l’énergie, à près de 2000 milliards de m3.
Des permis ont été attribués à l’Américain Schuepbach Energy pour le permis de Nant (Hérault, Aveyron, Gard) et à Total pour celui de Montélimar (Drôme).
voir l’enquête du site Owni sur le sujet.
Parmi les acteurs des schistes bitumineux on trouve Vermilion, une entreprise canadienne déjà présente pour l’extraction de pétrole conventionnel dans le Bassin parisien, premier producteur de pétrole en France. On trouve également Toreador Resources Corporation et Hess Oil France. Le vice-président de Toréador n’est autre que Julien Balkany, le demi-frère de Patrick Balkany, député maire de Levallois-Perret. Toréador extrait déjà du pétrole conventionnel dans le bassin parisien.
Voir la Revue du Web du pétrole du 7 janvier
Pour quoi cette quête absurde de l’or noir ?
Les pétroles conventionnels –facilement exploitables- se raréfient et les compagnies pétrolières se positionnent sur les projets les plus fous pour s’assurer de garder leur part du gâteau. Ils maintiennent la planète sous haute dépendance en prolongeant notre addiction avec un pétrole plus cher, plus polluant, plus risqué : sables bitumineux, offshore profond, schistes bitumineux : des projets de prospection, voire d’exploitation sont en cours un peu partout dans le monde.
Les gouvernements du monde entier sont aujourd’hui à la croisée des chemins : ils doivent choisir entre la recherche de pétrole à tout prix, symbole d’une véritable fuite en avant, et le développement massif des économies d’énergie et des filières renouvelables.
Les meilleurs investissements en termes de sécurité énergétique sont ceux qui réduisent la demande et la dépendance au pétrole. Il est du devoir des États de s’atteler à cette tâche titanesque qui est de penser et d’organiser dès aujourd’hui notre nécessaire sortie du pétrole.