Grands principes
1. Culture sur buttes avec double-bêchage (c’est à dire travail du sol sur une profondeur de deux fers de bêche, soit environ 60 cm) initial. Par la suite, lorsque le sol acquiert une bonne structure, on ne le travaille et n’y incorpore le compost qu’en surface, et on l’ameublit sans retournement à l’aide d’une grelinette ou outil similaire. L’ameublissement du sol en profondeur permet une meilleure aération en même temps qu’une meilleure pénétration de l’eau (ce qui limite les besoins en arrosage), et permet un développement racinaire plus profond. Cela permettra aux plantes d’aller chercher plus facilement certains nutriments situés en profondeur, et d’être plantées de façon plus serrée sans qu’elles se gênent au niveau racinaire.
2. Apports en matière organique humifiante (compost, mulch), cette matière étant produite par les plantes elles-mêmes. Ainsi aucun apport organique extérieur n’est indispensable après la première année de culture.
3. Semis/plantations en quinconces pour mieux utiliser l’espace (pas de rangées et de bandes vides entre elles) en respectant les distances de semis/plantation propres à chaque plante. Ce mode de plantation génère un microclimat plus frais et humide à la surface du sol, ce qui limite les besoins en arrosage. Elle assure par ailleurs une meilleure résistance des plantes au vent.
4. Association d’espèces à bénéfices réciproques (ou « plantes compagnes »), et rotations des cultures en fonction de leurs besoins en azote. Ces deux pratiques sont bien connues et appliquées dans toutes les pratiques agro-écologiques.
5. Usage de trois grands types de plantes :
– les plantes à grains, à haute teneur calorique et protéique par gramme d’aliment, représentent 60% de la surface cultivée. Ce sont leurs tiges et leurs feuilles qui fourniront de l’humus pour l’ensemble des plantations. Il s’agit donc d’un système autofertile. Ces plantes sont entre autres les fèves, le sarrasin, le quinoa, amarante, le tournesol, le noisetier, et toutes les céréales. Bien qu’il ne soit pas une plante à grains, le topinambour entre aussi dans cette catégorie car il produit une importante biomasse aérienne.
– les légumes-racines et bulbes à forte productivité calorique et protéique par unité de surface, représentent 30% de la surface cultivée. Ces plantes sont la pomme de terre, la patate douce, l’ail, le panais, le salsifis, la scorsonère, la bardane, le rutabaga, le navet (si on consomme aussi les fanes), le poireau, l’oignon.
– les légumes-feuilles, légumes-fruits, pois et haricots, représentent 10% de la surface cultivée.
Ces proportions ont été pensées en fonction des besoins en biomasse pour la production d’humus, ainsi que des besoins alimentaires humains. Pour ce dernier point on veillera en particulier, si on cultive des céréales, à cultiver suffisamment de fabacées (fèves, haricots, pois) pour complémenter leur apport protéique.
6. Autoproduction de semences, utilisation de variétés-populations.
7. Nécessité de mettre en pratique ces 6 choses à la fois. Le fait de planter serré ne peut donner de bons rendements que si le sol est amendé en humus et ameubli en profondeur. D’un autre côté, les plantes à grains peuvent en effet fournir l’humus nécessaire à l’ensemble des cultures, mais à condition que tout soit planté serré, utilisant ainsi une surface minimale.
Avantages
– Elle enrichit le sol en humus et y permet le développement des êtres vivants associés (champignons, bactéries, vers de terre etc.)
– Elle fixe une grande quantité de carbone atmosphérique par unité de surface sous forme d’humus.
– Elle ne nécessite aucun outillage onéreux ou énergivore
– Elle permet une autonomie alimentaire durable, sans intrant, sur une petite surface (440 m² en moyenne pour une autonomie alimentaire totale en régime végétalien et pour une saison de croissance de 6 mois). Bien entendu il ne s’agit pas d’une méthode réservée aux végétaliens, seulement dans l’idée de minimiser la surface nécessaire pour produire sa nourriture, l’alimentation végétalienne est celle qui demande le moins de surface à cultiver, c’est pourquoi elle est mise en avant dans cette méthode.
– Elle permet de réduire au minimum la part alimentaire de notre empreinte écologique, d’une part du fait de la faible surface cultivée nécessaire, d’autre part du fait de l’absence de transport et de transformation industrielle des aliments.
– De par la faible surface cultivée nécessaire, elle permet de laisser de la place pour le développement d’écosystèmes sauvages.
– Elle répond à la nécessité de diminuer la surface de terre cultivée pour se nourrir, sachant qu’actuellement la surface moyenne disponible est d’environ 2500 m² par personne et que cette surface tend à diminuer.
– L’autoproduction de semences de variétés-populations permet de contribuer à sauvegarder la biodiversité des plantes cultivées.
Inconvénients
– Le double-bêchage initial peut représenter un effort important, notamment si le terrain est compact.
– Il est nécessaire d’appliquer en même temps les différents principes mentionnés ci-dessus.
– Du compost est nécessaire au départ