Le sol n’a pas besoin d’être bêché, il suffit d’avoir passé la tondeuse ou arraché les herbes hautes. On commence par mettre 2 couches de cartons sur le sol en les faisant se chevaucher pour éviter la levée d’adventices. Puis on fait des couches comme une lasagne, avec alternativement des composants « verts » (tontes de gazon fraîches, « mauvaises herbes », déchets de cuisine…) et des composants « bruns » (broyats de branches, cartons, tontes de gazon sèches, paille, feuilles mortes).
En terme d’organisation, il est utile de stocker le « brun » par définition plus facile à conserver et à faire des lasagnes dès que vous avez du « vert ».
Pour terminer, une couche de terre ou de terreau complète le lasagne. Attention à ce que le lasagne ne soit pas bombé, car il s’effondrerait.
On peut commencer à planter en mélangeant le plus possible les variétés de légumes et de fleurs pour assurer une biodiversité qui protège des maladies et des appétits indésirables.
On utilise la technique du dropping qui consiste à jeter au hasard les plants ou les graines sur le lasagne pour obtenir un effet de plantation naturel.
Jean-Paul Collaert, qui a écrit « l’art du potager en carré », a fait une démonstration de cette technique le 20 Juin 2009 à l’occasion des portes ouvertes du « Chênelet », un Jardin de Cocagne situé près de la côte d’opale. Il a constaté que les plants se développent plus vite sur le lasagne que lors d’une plantation classique.
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La plantation sur lasagne est une technique revendiquée également par l’américaine Patricia Lanza.
L’histoire raconte qu’elle souhaitait entourer d’un jardin son auberge dans les monts Catskill. Mais le sol, composé de rochers et d’argile, était impossible à travailler, même à l’aide d’une pioche hache. Elle a alors essayé avec un motoculteur qui a été rapidement endommagé par les rocs. Découragée, elle allait abandonner l’idée d’un jardin quand, se promenant dans une forêt voisine, elle eut une révélation. « J’y ai découvert comment la nature arrivait sans motoculteur à faire pousser des plantes, simplement en utilisant les couches de feuilles et autres résidus végétaux tombant au sol et se décomposant ». A partir de cette constatation, elle essaya de reproduire ce mécanisme naturel dans son jardin. Elle commença par disposer sur le sol des cartons et des journaux pour étouffer les mauvaises herbes. Puis elle ajouta une bonne couche de tontes de pelouse, de feuilles mortes, de paille et enfin de fumier de cheval. Puis elle recouvrit le tout de tourbe. Le tas mesurait près d’un mètre ! Mais au fil des semaines il se tassa et quand il atteignit 30 cm, elle y sema des légumes. Quelle ne fut pas sa surprise de les voir pousser très rapidement, sans mauvaises herbes et avec peu d’arrosage.
Cependant on peut remonter aux temps des templiers qui maitrisaient parfaitement l’art du compostage en place.
En 1969, le Français Laurent Dailliez, chercheur en histoire médiévale au C.N.R.S., et Jaime y Mora y Aragon découvrent, dans le grenier d’un curé de Trujillo (Espagne), un manuscrit du 12e siècle de la Commanderie des Templiers d’Alcanegre. Dans ce document, on trouve notamment la description de la fabrication de huit différents composts de broussailles (appelés « vivus humus » par les Templiers). Curieux de voir la renaissance de cette pratique culturale apparemment disparue, Laurent Dailliez fait connaître cette description au Français Jean Pain, alors gardien d’un immense domaine faisant partie de l’ancienne commanderie templière de Villecroze (Var) et au Français Armand Ell, négociant en vins naturels.
C’est, lors d’un voyage professionnel dans le Midi, que ce dernier avait fait, fortuitement, la connaissance des deux autres hommes.